Un homme qui a marqué notre région
Par Guy Marchildon, neveu du Dr Paul Marchildon
Ces textes ont été colligés des textes de l’Hôtel Dieu qui lui rendaient hommage après son décès.
Ainsi que de l’hommage du docteur Albert Joannette de l’Hôpital de Sainte-Agathe.
Né à Montréal en 1901, Paul Marchildon fit ses études classiques au Collège Sainte-Marie et au Séminaire de Sainte-Thérèse. Il s’inscrivit ensuite à la faculté de médecine à l’Université de Montréal ; diplômé en 1925, il alla se spécialiser à Chicago au Columbus Hospital et à Paris à l’Hôpital Saint-Michel. Ensuite il entra à l’Hôtel- Dieu de Montréal comme chirurgien praticien. Le docteur Paul Marchildon était serviable, facilement disponible à travailler. Il est vrai qu’il possédait la liberté entière de ses programmes, puisqu’il avait opté pour le célibat. Il était aussi « Fellow » du Collège international des chirurgiens.
En 1936, répondant aux demandes de son ami, le Docteur Albert Joannette, il instaura la chirurgie à Sainte-Agathe dans le petit hôpital. Il contribua aussi à l’achat d’équipements. Il venait surtout les fins de semaines. Mais il venait aussi sur semaine quand le cas était pressant. Il a aussi opéré à Lachute. Il a opéré aussi à la maison mère chez les sœurs Jésus-Marie.
Dans les années quarante, le docteur Paul Marchildon était chargé des rares transfusions sanguines à l’Hôtel-Dieu. Après identification du groupe sanguin il pratiquait la transfusion directe du donneur au receveur à l’aide d’une seringue spéciale. C’était le premier à le faire.
Durant vingt ans, beau temps mauvais temps il venait jour et nuit opérer à Sainte-Agathe Au service de notre population pauvre ou riche. L’expérience d’un professeur d’université et le grand cœur d’un homme charitable à l’esprit social profondément chrétien. Au moins trois fois, il a décliné le poste enviable de chirurgien en chef que l’Hôtel-Dieu lui offrait ; il ne croyait pas y être plus utile, voila tout.
C’est grâce à son inlassable et précieuse collaboration comme aux succès accumulés au cours de son extraordinaire et si longue carrière de chirurgien que l’hôpital de Sainte-Agathe qu’il s’est acquis une notoriété aussi dans nos Laurentides. Il assistait à toutes les réunions médicales et d’administration. C’est ici qu’il a fait la dernière intervention chirurgicale de sa carrière. Dans cette institution, où régulièrement il venait sacrifier une bonne tranche de ses fins de semaine. Ce n’est ni par ambition, ni pour augmenter ses revenus qu’il venait à Sainte-Agathe. Il ne devait jamais nous décevoir. Rappelons entre autre, cette nuit d’hiver au cour de laquelle deux fois, il est monté de Montréal opérer deux cas d’urgence. De nos jours, l’on qualifierait cette condescendance, d’héroïsme ou de folie. C’est en 1943 qu’il se fit bâtir une propriété à Sainte-Adèle au 857 rue Ouimet.
Dans les sept dernières années de sa vie, il fit de la consultation et n’opéra qu’exceptionnellement à Montréal. Il passait une bonne partie de la semaine à sa résidence de Sainte-Adèle et il continua sporadiquement à opérer à Sainte-Agathe-des-Monts. Où il retrouvait auprès de lui d’anciens camarades du Collège de Sainte-Thérèse et l’amitié chaude de son ami le Docteur Joannette.
Peu de gens se rappellent aujourd’hui qu’il avait une magnifique voix à timbre de basse ; il donnait même le RE de l’octave inférieur, Il a charmé bien des auditoires, à ce point qu’un jour il a fallu choisir entre une carrière dans le champ ou la chirurgie… Heureusement pour nous, il opta pour la seconde.
Il a opéré à peu près quinze cents personnes dans la région de Sainte-Adèle et à peu près deux milles dans la région de Sainte-Agathe. Cela il me l’a confié, une fois que je l’accompagnais pour une opération à Lachute.
Il travaillait pour rien. C’est comme cela que certains médecins exerçaient leur métier. Quand les gens n’avaient pas de moyens, il n’envoyait pas de compte. Même quand les patients, une fois guéri, lui demandaient : Combien je vous dois ? Il répondait presque toujours : Vous ne me devez rien.
Nous croyons que se serait l’occasion, que les villes de Sainte-Agathe et Sainte Adèle perpétuent sa mémoire en donnant son nom à un édifice, ou à tout le moins à une rue. Cela serait une bonne façon de rappeler à la population ce que cet homme a fait pour la région.